Quelle heure est-il ,dis moi, au tocsin de tes lèvres ?
Dix heures, quand le jour tressautant dans ses draps tièdes
Semble dépeindre lourd cent mille esquisses mièvres
Sous les soleils ocreux chancelants d’ombres laides
Minuit, à l’heure ou luit dans les noirs électriques
La clameur infinie de millions d’yeux frêles
Traversant rampants mes âmes apoplectiques
Et tremblants de spasmes terribles : elle est trop belle !
Six heures, quand courent des flueurs d’herbes tiédies
Sur des pierres rancies par l’haleine du soir
Tes cheveux ondulant les landes endormies
Dans un ballet cosmique, sur les rouges et noirs
Midi, zéniths ! ors blancs luisants des ordres purs
Paix finales et pleines, paix de l’orme serein
Eclosant comme éclot le bruit doux de tes reins
Tes yeux teintant la voûte de milliards d’azurs
Quelle heure est-il, allons, au cadran de ma vie ?
Que des ombres fluettes esquissent puis dérobent
Et le Temps déjà las, prisonnier de ses robes
Semble haleter livide dans les jours et les nuits !